élever

quelques observations, aussi, au sujet de l'élevage, sachant que je suis  passé par le stade de l'éleveur de toutes sortes d'animaux de ferme... première démarche que font souvent ceux qui retournent s'installer à la campagne...


l'élevage a des avantages mais aussi des inconvénients. aujourd'hui nous ne connaissons pratiquement que l'élevage "assisté du moteur" : élever des animaux est devenu un jeu d'enfant à partir du moment où l'on produit ce qu'il faut avec des moyens motorisés, ou que l'on achète simplement tout ce dont on a besoin...

vu sous l'aspect de l'autarcie, comme pour tout le reste, l'élevage implique que l'on fasse soi-même, avec les moyens dont on dispose et il représente 365 jours l'année, de présence et de travail :

il nous faut par exemple disposer de bâtiments pour le bétail... en l'absence de clôtures (fil de fer et électrique) il faut gardienner sauf lorsque les animaux sont enfermés... car fabriquer des clôtures naturelles étanches et solides n'est pas évident...

ensuite, produire manuellement la nourriture des animaux fait réfléchir, du moins dans les régions où il faut engranger (bâtiments) des réserves pour l'hiver... : cela revient pratiquement à multiplier par deux le travail et plus encore les surfaces nécessaires, puisqu'il faut produire l'alimentation pour les humains, et simultanément, celle des animaux...
produire ou ramasser de la litière constitue aussi un travail important que l'on a tendance à oublier, lorsque l'on parle de l'élevage : il faut presque autant de litière (paille et autres végétaux séchés) que de foin pour la nourriture...

les avantages sont intéressants :
- la production de fumier tout d'abord, qui permet d'enrichir les terres que l'on cultive, et d'obtenir de meilleurs résultats... c'est un élément important qui a permis de considérablement accroître les rendements, jusqu'à l'avènement des engrais chimiques qui ont pris le relais...
- les sous-produits animaux : le lait, le cuir, la laine prennent une place importante dans nos systèmes actuels... la viande, bien sûr, mais s'il faut faire soi-même, la nécessité de tuer l'animal que l'on a élevé peut faire partie des contraintes... il faut ensuite savoir transformer le tout, en général, sur le champ...

et la traction animale ?
là aussi les données sont quelque peu faussées dans la mesure où une grande partie des moyens pour la mettre en oeuvre sont liés et dépendants de tout un ensemble de choses : charron, forgeron, sellier, maréchal... le cheval que l'on montre souvent, n'était d'ailleurs pas très utilisé par le paysan, avant l'ère industrielle, car c'était déjà un "moteur"... de luxe. dans notre village il n'y en a jamais eu et tous travaillaient pratiquement avec une ou deux vaches car celles-ci donnaient du lait et un veau tous les ans.

en fait c'est un peu en raison des contraintes liées à l'élevage que la majorité des paysans du monde travaillent toujours leur terre manuellement. la traction animale est aussi le premier maillon vers un système productiviste : le paysan doit rentabiliser et il est amené à devoir produire de plus en plus.

retour à la campagne :
il se fait souvent en commençant par l'élevage : on se met à la campagne et l'on commence par acheter des poules, des canards, des oies, des dindons, des chèvres, parfois des moutons, un âne ou un cheval, une vache, etc...
et pourtant cultiver serait plus important puisqu'il s'agit de produire de quoi manger tous les jours...

j'ai cherché des explications, étant moi-même passé par ce scénario :
- il y a la facilité de mise en oeuvre (on achète tout y compris la nourriture de ce que sont plutôt des animaux "de compagnie"...
- on fait de l'élevage pour le plaisir, les sentiments, alors que cultiver fait plus de travail avec moins de retours...
- l'attrait de la présence des animaux : l'animal exerce une grande fascination, plus encore chez les enfants (d'où le succès des "fermes pédagogiques") il est un compagnon soumis et nous régnons en maître et seigneur... sur la ferme... le nourrissage de nos sujets nous procurant un plaisir tout particulier.

personnellement j'ai abandonné progressivement l'élevage pour diverses raisons qui ont fini par me convaincre :
- j'étais totalement dépendant de l'achat - parfois assez cher - (foin, paille, grain) - de nourriture extérieure, n'étant pas en mesure de la produire moi-même, en plus de mes essais d'auto-production personnelle.
- comme je faisais trop de sentiments, j'ai fini par avoir une "maison de retraite" ne comportant plus que de vieux animaux pensionnaires qui me coûtait fort cher en achat de nourriture tout en me faisant beaucoup de travail tous les jours...
- j'ai fini par ressentir comme une forme de traitrise, de trahison, à l'égard de l'animal qui s'était attaché à moi, alors que j'allais le livrer à la mort...
- en ne reproduisant plus mes animaux je libérais beaucoup d'espace, de travail et de temps  (pratiquement de l'ordre de 50% de mon temps)

bien sûr du coup je me suis retrouvé confronté à la nécessité de devenir quasi... végétalien : mais en faisant ainsi je découvre un autre mode de vie bien plus simple et serein.
l'adaptation n'est cependant pas facile et aujourd'hui je ne suis pas encore convaincu qu'un monde sans élevage soit optimal (c'est d'ailleurs assez difficile à imaginer ou admettre après dix mille ans de pratique  :-) et le sujet reste ouvert...(on pourrait par exemple envisager un élevage - producteur de certains sous-produits... et de sentiments... - où les animaux ne seraient pas tués...)



à venir :
omnivore, végétarien ou végétalien ?
l'humain, l'humanité du futur...