en autarcie, l'un des problèmes les plus importants - que je n'ai d'ailleurs pas encore résolu - ce sont les "basiques"... par basique j'entends quelque chose de consistant qui accompagne quotidiennement les légumes ou les épinards... une base d'un repas, si l'on veut.
si dès le printemps, puis durant tout l'été et l'automne la nature offre une profusion de plantes sauvages comestibles, il faut quand même pouvoir les accompagner d'une base consistante pour que çà "cale" et que l'on n'ait pas faim tout le temps ou peu après que l'on a fini de manger...
en cas de nécessité, disette par exemple, savoir que l'on peut manger la plupart des plantes dans la nature est quand même rassurant et évite de ne rien avoir à manger du tout.
et encore cela dépend des régions : on risque d'être mieux loti dans une région plus fraîche et humide où pousse facilement une grande variété de plantes sauvages, plutôt que dans dans une région qui est aride avec un sol béton qui manque d'eau et se fait brûler par le soleil en été...
des épinards (j'entends par là "plantes ou mélange de plantes cueillies"), on peut les manger tels que, sans rien d'autre ; il est cependant plus agréable et nourrissant de les accompagner d'autre chose et de préférence varier cet accompagnement...
je ne m'occupe pas trop de la viande, que je considère comme un condiment, plutôt ; d'ailleurs face à la difficulté de "faire de la viande" en autarcie... j'ai pratiquement décidé de m'en passer : çà évite beaucoup de problèmes et çà fait beaucoup de travail en moins ; çà permet aussi de gagner pas mal de place...
j'ai aussi fini par renoncer au pain : mes tentatives de cultiver du blé se poursuivent - pour essayer et pour avoir un peu de farine, pour le plaisir d'en faire pousser aussi - mais face à la difficulté (la récolte d'il y a deux ans était limite mais celle de l'année dernière s'est entièrement fait manger sur pied par les rongeurs - il faut dire que je ne suis pas dans un endroit très propîce à la culture de blé : en fond de vallée humide. le seigle réussit mieux mais celui-là s'est aussi fait manger...)
si je voulais faire du pain - pour plusieurs personnes... il me faudrait cultiver manuellement et récolter des quantités très importantes de blé : j'ai trouvé çà quasiment matériellement impossible. ensuite il me faudrait décortiquer tout ce blé et arriver à le stocker toute une année ; puis il me faudrait le moudre (à la main entre deux pierres ?) et enfin il faut fabriquer le pain : même une fois par semaine cela signifie beaucoup de blé, de farine, un grand four et beaucoup de bois...
et avec cela ce n'est pas terminé : si j'ai du pain il me faut de quoi mettre dessus : beurre (il faut élevage et transformation du lait) confiture (il faut les fabriquer et conserver) ou miel (ruches : elles ne sont pas très productives en méthode "primitive" et ce ne peut être qu'un appoint) charcuterie et fromages (implique aussi élevage et transformation)...
la surprise en me passant de pain c'est que je n'ai pas le travail de cultiver le blé, moudre la farine, cuire le pain, mais en outre pas besoin de faire de l'élevage ni de la fabrication de tout ce qui va avec... c'est assez énorme comme différence...
contre toute attente j'y arrive assez facilement et je trouve çà fort agréable et bien plus simple et reposant... du coup, même mon miel reste au fond du buffet. (çà tombe peut-être bien, car plus j'y réfléchis et plus j'expérimente, plus je me demande si l'apiculture ne doit pas aussi se discuter)...
c'est une évolution que j'ai faite assez récemment, car il y a trente ans de çà je suis parti comme beaucoup de monde à l'époque, avec basse-cour, puis chèvres, puis vache, puis cheval... et cela m'a fait longtemps vraiment plaisir mais je remarque du coup que cela m'a fait turbiner comme un damné, culpabiliser quand il fallait vendre ou tuer, sans être rentable car j'achetais toute la nourriture pour les animaux ; une entreprise aurait été assez rapidement en faillite, mais je puisais sur mon revenu...
j'ai aujourd'hui quelques canards (7 exactement) que je nourris et que j'hésite à tuer (ils sont tous très sympatiques et on se connait bien), cinq vieilles oies (idem : mais les oies présentent l'inconvénient de faire des cacas tous les deux mètres, ce qui n'est pas génial quand on veut ensuite cueillir plein de plantes sauvages... ou se ballader pieds nus) et une dizaine de poules pour les oeufs : j'achète du blé pour tout ce monde... (sauf les oies qui broutent de l'herbe comme une vache, en été du moins car en hiver il faut les nourrir aussi) ; en cas de nécessité il est clair que je ne pourrais produire moi-même ce blé : en cas de crash du système par exemple - car je m'y attends tôt ou tard - il faut que je mange tout le monde pour ne pas avoir à le nourrir. si j'arrive à faire un peu de blé il sera pour moi.
oui... mais pour en revenir au "basique" - je mange quoi, du coup ?
(suite au prochain numéro)
5 commentaires:
Merci Geispe pour ces précieuses réflexions, j'apprécie et envie beaucoup ton cheminement.De mon côté ça s'est toujours limité à des cogitations...
ce que tu conclus sur l'autarcie me conforte dans l'idée que la "ferme idéale" ( genre "revivre à la campagne" c'est trop lourd à porter pour juste un couple, ça correspondrait plus à une communauté familiale ou autre, en tous cas à quelque chose de bien géré à plusieurs. Isolément, en effet c'est plus réaliste de se tenir à ce qu'on peut faire sans y laisser la peau.
pour le pain, tu as pensé à la solution du pain essene ? j'attends la suite avec impatience !!!
je peux surtout bien expérimenter depuis la retraite... puisque je suis disponible à plein temps...
:-)
la ferme idéale... (elle est à inventer) çà dépend des besoins que l'on a car j'ai l'impression que çà revient presque au même que l'on soit seul (une unité) ou un groupe de plusieurs unités : chaque unité représente deux bras et une bouche à nourrir. le fait d'être à plusieurs peut être trompeur et on n'est pas forcément toujours gagnant... il faut déjà multiplier les surfaces à travailler d'autant...
par contre si une untité remplit son office... il n'y a pas de raison, effectivement, que dix unités qui remplissent leur office ne puissent pas fonctionner ensemble... les problèmes surgissent avec une éventuelle promiscuité et dès que l'on commence à spécialiser et répartir le travail...
il faut se poser la question de ce que l'on veut et ce que l'on ne veut pas : on peut être workahoolic (élevages de toute sorte, traction animale, transformations, commerce, rendement, etc...ce qui conduit à des travaux forcés toute l'année = beaucoup de paysans et d'ouvriers agricoles des époques anciennes) tout comme on peut être partisan de l'effort raisonnable pour ne pas dire minimum, et avoir envie de satisfaire surtout ses besoins, que l'on réduit volontairement.
et c'est assez le scénario qui m'intéresse, après être passé par le précédent... mais ce scénario n'est pas très compatible avec un système mercantile...
à l'heure actuelle la ferme idéale, ou plutôt "optimale", telle que je la vois dans le futur... c'est pratiquement une ferme (et d'ailleurs un monde) où les animaux domestiques ont disparu... (ou presque, car je ne sais pas encore exactement, j'y reviendrai en essayant d'expliquer pourquoi, car c'est moins par végétalisme que par opportunisme (moins de dégats, et simplement beaucoup moins de travail) : ce serait d'ailleurs plutôt un hameau où l'on peut vivre "ensemble séparément" comme je dis toujours ; çà repose sur les observations que je fais tous les jours : on a envie de ne pas être seul, mais à chacun quand même son territoire : là il nous faut inventer un nouveau mode de vie et de logement qui puisse répondre à toutes les envies, permanentes ou passagères : vie de groupe, vie de famille, vie de solo (voir le nombre de familles monoparentales)...
le pain essene ne résoud pas le problème de produire d'énormes quantités de blé (ou autre céréale) si on en voulait quotidiennement et pour tout le monde, ni le problème de ce que l'on "mange avec"... mais si l'on arrive à cultiver et récolter suffisamment de blé, pourquoi pas... mais personellement je ne sais pourquoi, ce n'est pas çà que je ferais avec du blé.
Je vote pour les patates (parce que je n'ai pas encore réussi à faire pousser des haricots ou des fèves). Il y a aussi le maïs qui demanderait peu de soins en fond de vallée s'il fait assez chaud, et en plus il produit davantage de carbone que les patates pour créer de l'humus.
J'ai essayé de semer courge-haricot-maïs à la manière mexicaine. Le problème, c'est que j'ai la pluviométrie et l'hygrométrie, mais pas les températures... à suivre
PS : je fais la même analyse sur les animaux. Je m'en tiens aux poules, uniquement comme source d'oeufs et d'engrais, ainsi que comme désherbant. Comme je vis dans une région d'élevage, je ne manquerai pas de viande si j'en veux vraiment, et j'économise une sacrée dose de servitude.
C'est très intéressant de voir quelqu'un comme toi qui va au fond de la réflexion.Moi aussi je pense que ça va crasher, quand?
Quant aux animaux à nourrir, exemple : ici en Hongrie, vue l'indigence des retraites ( quand tout va bien 300 euros ), tous les campagnards cherchent l'auto-suffisance. Notre amie Anja( 70 ans ) a semé son champs de maïs seule, maïs qui sert à nourrir ses poules et canards. Elle souffre tellement desjambes cette année, qu'elle est rentrée à 4 pattes chez elle et nous a affirmé que l'an prochain, il lui faudra trouver un autre solution, échange de services...
Localement, il y a moyen d'échanger, c'est encore dans les moeurs. Je n'achèterai pas de fruits cette année encore, normalement. Nous échangeons nos plants, bouturons, marcottons... Ils connaissent les herbes sauvages, mais pas toutes et ne les utilisent pas pour se soigner comme je le fais. Donc ils sont très demandeurs à ce sujet... ( le système communiste les précipitait chez le médecin et ses pilules gratuites... )
Eh donc, tu manges quoi?
Magnifique site... Pour ce qui cale, je vois le topinambour, la betterave, les légumineuses diverses... Mais je suppose que tu connais tout ça déjà. Alors qu'est ce qu'on mange avec la verdure?
So
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