jeudi 5 juin 2008

basiques (3)


le soleil fait la lumière et la chaleur qui vont faire pousser ce qui se trouve dans ou sur la terre, la pluie va l'arroser : l'ensemble de la nature fonctionne ainsi... toute seule... nous pouvons donc déjà voir de ce côté là ce qu'il y a de mangeable, là où nous n'avons pas grand chose à faire pour le produire...
ce sont par exemple les vivaces : les plantes qui poussent tout le temps sans que l'on ait besoin de s'en occuper, de les semer ou planter, au moins durant un temps très long...

les arbres en font partie : et la tendance est de mettre en bonne place... le noyer, l'arbre des records : car c'est 650 calories pour 100g de noix... idem pour le noisetier. ce sont donc des oléagineux qui vont apporter une part importante de mon alimentation, et surtout de la part "lipides" c'est à dire les huiles ou graisses dont on a besoin si l'on n'est pas sédentaire... (et les noix contiennent bien sûr encore plein d'autres bonnes choses p.ex. 15% de protides): juste à ramasser à condition toutefois que l'on ait pris soin d'en planter à temps (quinze à vingt ans avant) et en quantités suffisantes... le paysan auquel j'ai parlé était tout fier de me dire que l'un de ses noyers gigantesques produisait plus de 150kg de noix par an...
décortiquées cela fait 75kg de cerneaux : si j'en mange 100g par jour j'ai déjà le tiers des calories dont j'ai besoin quotidiennement, et il me faut 75kg de noix qui donnent 36kg de cerneaux... pour l'année.
je peux préventivement faire des stocks pour deux ans car les noix se gardent naturellement très bien dans leur emballage.

sabine a dans ses mains un tiers de ses besoins quotidiens si l'on tient compte de 2000 calories : 100g de noix apportent 650 calories :

et c'est pratiquement pareil pour les noisettes...

nous utilisons la noix telle que, moulue (si on a un moulin) ou simplement pilée (le goût entre pilé et moulu n'est d'ailleurs pas pareil... la noix pilée devient plus grasse et onctueuse) on peut la mélanger à divers fruits secs pour faire un mélange énergétique que l'on pourra grignoter en cas de besoin à tout moment de la journée (voir mon post du 1/01/2008 "toujours prêt") ; un tel mélange peut constituer le petit déjeuner ou aussi le casse croûte du soir : variable, le petit déjeuner, car on peut même carrément s'en passer (nous ne mangeons pas lorsque nous n'avons pas faim) ; on peut aussi le remplacer par un bouillon ou une soupe de légumes ou de céréales - souvent dans ce cas on réchauffe le surplus préparé à cet effet le jour précédent (on prépare alors une double ration)...

la noix remplace aussi l'huile... puisque nous n'en avons pas ; l'huile est difficile à produire... car difficile à presser, manuellement... alors guère de friture, ou rarement... (la cuisson se fait surtout à l'étouffée... avec juste un fond d'eau) on peut s'amuser à comprimer des noix pilées dans un petit tissu pour en enduire la poêle, si l'on veut, mais comme dit l'huile est assez absente.
on peut mélanger des noix pilées ou rapées aux préparations cuisinées, ou encore les saupoudrer directement dans l'assiette ; nous en faisons également des sauces genre aïoli, ou des vinaigrettes, des "mayonnaises" (émulsionnées avec un peu d'eau) cela peut même faire un beurre de noix)...



l'avantage de la noix (et de la noisette) est de pousser quasiment toute seul et en quantité : les autres oléagineux doivent être cultivés... et demandent donc pas mal de travail... leur décortiquage également peut être assez fastidieux pour certains (tournesol, colza, moutarde,lin, pavot, courges : nous faisons des plate-bandes d'essai d'un peu tout cela, histoire de savoir-faire et de perpétuer et faire des réserves de semences... et ces graines, certaines condimentaires, sont alors un complément intéressant et permettent de varier ; en production spontanée nous trouvons encore les faînes chez nous, mais délicates à ramasser parmi les feuilles mortes des hêtres, en forêt, puis compliquées à décortiquer aussi l'enveloppe étant fine et adhérente : n'empêche qu'il y a un siècle elles étaient assidûment recherchées, et on se bagarrait même pour des questions de territoire. aujourd'hui surgit un autre problème : il y a de moins en moins de faînes - pratiquement plus d'ailleurs - ces dernières années... peut-être à mettre sur le compte du réchauffement climatique car le hêtre n'aime pas la sécheresse ni la chaleur... il y a aussi un problème au niveau des noistiers : espérons que la situation climatique ne va pas s'aggraver.
onagres, balsamines, tabouret des champs sont encore à citer pour les semi-cultivées et sauvages... le chanvre est aussi oléagineux/farineux mais interdit de culture : graines en vente libre donc à garder en réserve (utiliser comme farine) car indispensable après le pétrole.(textile, avec le lin).

autre condition pour ces oléagineux faciles et gratuits... c'est qu'il faut les planter largement à l'avance, en quantités suffisantes, puis faire un roulement pour les renouveler : pour ma part je suis contraint aujourd'hui de tricher pour mes expériences et d'acheter mes noix... j'ai fait l'erreur de ne pas planter de suite, quand je suis arrivé ici il y a 18 ans, toute une série de noyers dont je pourrais faire la récolte... c'est fait entretemps... mais ils ne donneront rien avant un bon nombre d'années, hélas...

pépinière et jeune noyer :



il peut aussi arriver des pépins : mon plus beau noyer (2m50) a été percé après sa plantation presque de part en part par un pic... et là il n'est plus venu cette année...



en tous cas je conseille vivement de planter des noyers et des fruitiers : vous pourrez par la suite récolter une production pour laquelle nous n'aurez pas eu grand chose à faire, production qui pourra fournir une part importante de votre alimentation, mais aussi constituer une réserve sécuritaire qui vient chaque année toute seule : impossible de mourir de faim... si vous n'avez pas pris soin de planter des arbres en temps utile... vous serez contraints de cultiver une quantité d'oléagineux et/ou de céréales équivalente... alors pourquoi ne pas laisser faire la moitié du travail à la nature...

on peut encore noter qu'un verger de 50 ares peut abriter environ 50 arbres si l'on arrondi : ce n'est pas une importante surface et pourtant une importante récolte... et il suffit de quelques arbres par personne : à mon avis l'âge d'or est un âge de la cueillette... et nous pouvons encore améliorer beaucoup de choses en sélectionnant les plantes pour leur intérêt autre que commercial...

il faut bien entendu adapter selon l'endroit où l'on habite... je n'ai pas cité l'amandier, l'olivier, par exemple qui ne me concernent pas car sont plutôt des arbres méridionaux... certains pins à pignons pourraient aussi être intéressants...

voilà déjà pour les lipides (graisses, huiles) ; ensuite nous avons besoin encore de glucides (amidon/sucres) puis de protides (protéines)... de vitamines, aussi
ils arrivent...

13 commentaires:

Anonyme a dit…

Encore un bel article !
Si on est prévoyant à très long terme, on peut planter un pacanier qui donnera des noix de pécan.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Noix_de_p%C3%A9can
Il parait qu'au sommet de sa forme, la production est impressionnante et il donne 750 calories par 100g !
Par contre, il lui faut 40 ans pour commencer à produire et il n'est pas transplantable, c'est-à-dire qu'il faut planter la graine tout de suite au bon endroit...et attendre.

Anonyme a dit…

Très intéressée encore.
Je dois planter sur le terrain de 3500m2 cet automne. Il y a déjà des abricotiers et des pêchers, et un noyer. J'ai un noyer dans le jardin. J'aimerais tenter l'amandier mais combien de temps avant la production, et noisetiers...
Je suis intéressée aussi par la culture des courges. J'en ai planté pas mal, de la courge hongroise, avec maïs et haricots...
On pourra mettre les résultats en commun, même si ce n'est que sur petit espace pour cette année...

geispe a dit…

strychnine : "On pourra mettre les résultats en commun, même si ce n'est que sur petit espace pour cette année..."
tout à fait, merci... très bon et intéressant les abricots secs... chez moi fait trop froid pour l'abricot... peut-être avec le réchauffement :-)
imago : çà pousse chez nous noix de pécan ? ou plutôt sud, non ?

Anonyme a dit…

Et ce matin, je viens de me rendre compte ( après deux jours de pluie et 25° dans la journée ), que deux de mes jardins en carré, ou j'avais fait des semis divers, sont littéralement envahis de pourpier, ce qui est une super bonne nouvelle pour les omega 3 qui manquent un peu à la Bretonne que je suis...

Anonyme a dit…

voila des annees que je lis tes commentaires sur le net et je vois l'evolution...tu est en train de reinventer la permaculture!!!Quelle perte de temps...holmgren et mollisson ont dit tout ca(oleagineux,fruits,legumes vivaces(sauvages ou cultives)legumes annuels(semes ou subspontane)...moins de boult petites surfaces...)il y a 30 ans
ca fait 5 ans que je voulait te dire ca...quelle perte de temps pour moi aussi...

Anonyme a dit…

Pourquoi, perte de temps?
C'est sympathique de tâtonner sur son bout de terrain, d'expérimenter et d'adapter... C'est toujours un peu abstrait l'expérience des autres si on ne tente rien soi-même. Ca bride et pourquoi se brider?
Pourquoi accorder à des auteurs, même très sérieux, très expérimentés, l'omniscience? Et si chez moi, dans mon climat, dans mon micro-milieu,il y avait moyen d'inventer autre chose d'adapté à moi et aux miens.
J'ai " permaculture 1 et 2 " à la maison, je fais du jardin en carré, à l'automne, si je réussis à me débrouiller avec un voisin, je tenterais le BRF... On verra un peu plus clair dans un ou deux ans...
Pour le moment, l'expérience d'autarcie de Geispe est intéressante à suivre, à titre personnel, elle me paraît moins abstraite qu'un livre, même très bien illustré...

geispe a dit…

à anonyme : je n'ai pas lu holmgren et mollisson : j'ai un peu des doutes car je me suis intéressé à la permaculture et mon interprétation était différente... j'ai trouvé çà assez abstrait, intellectuel et pas trop dans mon esprit. (culture manuelle notamment et futur sans pétrole).
au fond si je fais de la permaculture tant mieux... çà fera une expérience de plus... et personnellement je ne pense pas avoir perdu du temps (sauf pour planter mes arbres :-)... si toi t'en as perdu c'est que les bouquins que tu cites ne sont pas bons... :-)
le vrai seul moyen d'apprendre est de s'y mettre, avec ou sans bouquin, faute de quoi je suis tout à fait sûr qu'on a de drôles de surprises... d'ailleurs même ce que moi je fais et je dis il faut l'expérimenter car cela ne veut pas dire que ce soit l'optimal et que çà fonctionne bien ailleurs : il y a autant de cultures "perma ou pas" qu'il y a d'endroits et de cultivateurs...

Anonyme a dit…

Pour le pécan, d'après pfaf (http://www.pfaf.org/database/plants.php?Carya+illinoinensis) il pousse en zone 5 (donc plutôt froid) voir les zones de rusticité en europe: http://www.gardenweb.com/zones/europe/

Par rapport à la permaculture, j'y crois et je trouve très intéressant ce que fait geispe car ça confirme pas mal de principes. Ca donne plus d'importance aux plantes sauvages que ce qui est généralement promu en permaculture, mais de l'autre côté la permaculture n'est pas une théorie finie et inaltérable, ce que fait geispe va tout à fait dans les principes éthiques et les principes fondamentaux tels qu'ils ont été exposés par Holmgren (http://www.permacultureprinciples.com/)

Quant à la perte de temps, en effet, on devrait être en train de planter des pécans ou des Araucarias araucanas pluôt que d'être sur le net ;-)

geispe a dit…

merci... je vais voir de plus près l'intérêt des deux arbres que tu indiques. j'avais cherché un moment du pin cembro pour essayer d'en planter un mais pas trouvé...
je pense qu'à propos de la perte de temps Anonyme voulait peut-être dire que j'aurais pu m'inspirer directement des ouvrages existants depuis longtemps à propos de la permaculture...
mais bon je ne les connaissais pas et suis de nature méfiante et pas trop lecteur non plus : je préfère essayer par moi-même, comme çà je suis sûr que çà marche... et la permaculture c'est vague car on y met Jeavons, Fukuoka, Ken Fern... tous sont un peu différents et chez tous je trouve des trucs intéressants mais tout autant à redire :-)

Anonyme a dit…

Mon petit doigt me dit qu'on va avoir le droit au châtaignier. Ou bien l'arbre à pin, suivant où on habite.

Anonyme a dit…

pain

Anonyme a dit…

bonjour...en fait c'est moi qui est perdu du temps en ne voulant pas m'impliquer dans l'internet...depuis 5 ans que je suis ton evolution(car je trouve ta vision de depart juste)je sens que tu va experimenter la permaculture car je sens tres fort que c'est la solution juste a ta vision juste....et j'aurais pu te le dire direct...la permaculture c'est un outil pour amenager un lieu pour qu'il deviennent autosuffisant et il ya 30 piges holmgren et mollisson ont clairement dit que planter des oleagineux des le debut d'une instalation etait important pour toutes les raison que tu as expliquees.plus tout le reste.(travail manuel et vie sans petrole..etc...etc...)donc tu a invente la paermaculture en la mettant en pratique ...et je trouve ca merveilleux.pour ma part mon terrain n'est pas si grand,j'ai quand memme plante 2 chataigners et les noyers sont nombreux alentours,plantes sauvages comestibles legumes vivace(chou,poireau,oignon epinardoseille etc...)legumes qui se ressement des legumesque je seme etdes friutiers et des petits fruits et voila meme sans entretient ya toujours de quoi claper,enayant l,alimentation qui correspond...
voila un peu long un peu chiant premieres communications sur internet..

geispe a dit…

il faut son temps : à l'époque j'étais parti dans l'élevage de chèvres et en bon écolos de la ville on a pas osé toucher aux saules qui envahissaient notre terrain pour mettre autre chose à la place... alors que toute la vallée est pleine de saules... :-)
donc tu serais arrivé avec des notions de permaculture que j'aurais probablement été étanche... sabine a insisté pour planter des noyers et fruitiers et çà a fini par passer... mais entretemps se sont écoulées un paquet de précieuses années pendant lesquelles ces arbres auraient pu croître...