autarcie

- quant à l'autarcie proprement dite... - 
- échelle de l'autarcie - 
- lieu de vie - 
- bibliographie - 

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quant à l'autarcie proprement dite...
il est difficile voire impossible d'être totalement autonome et autarcique aujourd'hui... et cela n'aurait d'ailleurs pas vraiment de sens.

la notion d'autarcie est surtout un repère, pour moi ; et quand je pense "autarcie" j'ai toujours présent à l'esprit une sorte d'échelle, qui me permet de me situer :

l'autarcie totale suppose que rien ne vient de l'extérieur : il faut tout produire soi-même : les premiers groupes humains vivaient ainsi, puisqu'ils étaient isolés et devaient se débrouiller avec les moyens du bord...

l'autarcie partielle suppose que l'on arrive à accéder à diverses choses dont on ne dispose pas sur place. mais cela implique déja de produire une monnaie d'échange, si par exemple il faut troquer ou acheter quelque chose. nous avons alors le premier maillon du système en place aujourd'hui. (il existait toutefois des sociétés où le don était un usage, aussi...)

quelques éléments quasi indispensables risquent probablement de poser problème :

- le minerai de fer : bien qu'avant lui il y a eu d'autres matériaux comme le bois, l'os, la pierre. le fer - à condition de savoir le forger - va permettre de fabriquer pas mal de choses et surtout des outils efficaces. l'usage du fer est un pas décisif dans l'amélioration du mode de vie... mais aussi de la guerre...

- le sel : pas absolument indispensable, mais il prend l'allure d'une drogue dont on ne peut se passer... au point qu'il est devenu une monnaie d'échange...

- l'argile, qui fait les récipients d'usage quotidien ; pas rare mais pas facilement accessible partout...

et enfin, il faut savoir faire du feu sans briquet ni allumettes : je n'ai pas encore eu le courage de mener cette opération à son terme... :-)

prendre en compte ce type d'éléments permet de se situer sur l'échelle de l'autarcie et de savoir quelles sont les concessions que l'on a envie de faire, ou qu'il est nécessaire de faire si l'on veut expérimenter...



autarcie et écologie :
l'approche de l'autarcie est "écologique" dans la mesure ou elle est en principe le choix d'une simplicité volontaire... sur l'échelle de cette simplicité elle se trouve située loin en amont de ce que l'on entend souvent par simplicité volontaire de nos jours, et qui est plutôt une tentative de consommer un peu moins.
l'autarcie est la façon la plus efficace de réduire la distance entre le producteur et le consommateur... puisqu'il n'y en a pas... :-)
mais même en autarcie et à la main, on peut faire pas mal de dégats : cela s'est vu dans le passé. c'est donc surtout à la maîtrise de nos appétits et à nos états d'esprit qu'il est utile de s'intéresser...

durable or not durable :
le vrai durable est durable, le durable un peu à la mode aujourd'hui ne l'est pas... enfin il l'est juste un peu plus. il y a le durable "perpétuel" - c'est le meilleur puisqu'il devrait permettre à toutes les générations futures de bien vivre dans un environnement préservé.
ce n'est pas le cas du durable moderne qui reste dépendant des énergies fossiles et d'autres matières premières amenées à s'épuiser tôt ou tard, dépendant aussi, des moyens de production industriels modernes.

il n'est pas évident pour notre cerveau de s'imaginer que dans cent, ou deux cents ans, mille ou six mille ans, il y aura toujours des humains (enfin on l'espère) qui peupleront la planète - dans quelles conditions et quelle densité on ne sait pas - mais la nature est faite de façon à être quasi perpétuelle et à évoluer avec tout ce qu'elle contient...


il y a des sujets que j'aborde peu ou pas du tout, dans mon blog, et qui pourtant sont importants dans un mode de vie autarcique : c'est que je n'ai pas vraiment eu l'occasion d'expérimenter, faute de nécessité, surtout... par exemple la construction d'un abri ou d'une maison, la fabrication d'outils, de récipients et ustensiles, la confection de vêtements, de chaussants... etc... le fait est que j'ai une maison... j'ai des outils (je n'ai jamais essayé de forger), j'ai des récipients et des stocks de vêtements que nous avons reçus d'un peu partout... 


un autre aspect de l'autarcie auquel on n'a pas tendance à penser, c'est que dans un mode de vie autarcique il faut faire et savoir faire tout à la fois... être à la fois au four et au moulin... si aujourd'hui on peut réussir de façon parfaite un potager parce que c'est notre principal hobby, ben dans un mode de vie autarcique il nous faut réussir tout en même temps : cultiver notre potager mais aussi et surtout nos basiques (céréales, légumineuses, racines, etc...) - ceux qui nous nourriront tout l'hiver et même le restant de l'année jusqu'à la nouvelle récolte (il faut tout stocker durant une année, d'une récolte à l'autre, pour toute la famille, voire la tribu...) mais il nous faut en même temps cultiver les fibres textiles, il nous faut produire la nourriture des animaux si nous en élevons (et gardienner ceux-ci tous les jours, en l'absence de clôtures électriques et de fil de fer), il nous faut aussi couper éventuellement, ramasser et transporter puis stocker le bois de chauffage et de cuisine (une ou deux années à l'avance)... il nous faut filer, tisser et fabriquer nos vêtements et nos chaussants, fabriquer nos outils et nos ustensiles, etc...
dans un tel système nous ne courons peut-être pas, mais nous sommes trèèèès occupés...

c'est aussi pour cela qu'un mode de vie proche de l'autarcie implique d'être plutôt très casanier : c'est en  "belle saison", celle des "vacances" que nous avons le plus d'activités et de travaux à faire... cela limite alors les possibilités de se déplacer et s'absenter...


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échelle de l'autarcie  (essai)

l'expression "vivre en autarcie" est souvent utilisée pour exprimer des modes de vie diversement interprétés...

j'ai essayé de voir ce que donnerait une sorte "d'échelle de l'autarcie" - il faut alors lire le contenu dans le sens "pas d'autarcie" allant vers "autarcie totale" étant entendu que la notion d'autarcie totale est parfois extrême pour les besoins de l'échelle, et que l'on ne va probablement pas - aujourd'hui du moins - s'acharner à se passer de la lumière électrique, par exemple... pour s'éclairer à la bougie (ce qui n'est pas évident si l'on veut produire suffisamment de cire soi-même et "naturellement")...
tout comme il n'est pas nécessaire non plus de se forcer à aller vers l'autarcie si on n'en a pas l'envie : ce serait probablement contre-productif.

envisageons donc la description de repères permettant plus ou moins de se situer, sur une échelle allant de la dépendance totale (j'achète tout : alimentaire, vestimentaire, habitat, déplacements, matières premières, outils, ustensiles) (c'est la "société de consommation")
 vers l'autarcie ou la dépendance partielle
 jusqu'à l'autarcie totale : je n'achète rien. (là, il n'y a plus de "société de consommation", probablement plus d'Economie")


nourriture :
j'habite en ville et j'achète ma nourriture.
j'ai un jardin où je produis une partie des légumes que je consomme
j'ai un grand jardin à la campagne où je produis l'essentiel des légumes que je consomme

j'ai un grand jardin à la campagne où je produis l'essentiel des légumes que je consomme. il me permet aussi de faire des réserves pour passer l'hiver. je produis mes semences.

je produis également une partie de mes "basiques" : céréales, légumineuses, oléagineux, racines pour partie ou pour toute l'année.

je n'achète rien et produis tout moi-même, au moyen de méthodes durables : je produis tous mes basiques comme céréales, légumineuses, oléagineux, racines et tubercules. je n'achète pas de nourriture à l'extérieur. je produis aussi toutes mes semences. je fais des cueillettes de plantes sauvages comestibles.
par méthode durable j'entends sans le recours à des matières premières épuisables comme p.ex. le pétrole.

je suis végétarien (pas de viande, mais des sous produits animaux nécessitant alors l'élevage : fromages, laitages, miel)
je suis végétalien (ni viande, ni sous-produits animaux = pas d'élevage nécessaire)


cuisiner :
tout électrique ou gaz
je n'achète rien : bois fait main - cuisinière - poêle - cheminée...



eau potable :
réseau d'eau communal
pompe (dépendance à la technologie)
puits
source


élevage :
achat de la nourriture, de la litière, de bâtiments, terrains et clôtures
je produis mécaniquement (machines + carburants) la nourriture et la litière pour mes animaux
je produis mécaniquement (machines) au moyen de la traction animale la nourriture et la litière pour mes animaux.
je produis manuellement la nourriture et la litière pour mes animaux
dépendance : abattoir pour l'abattage des animaux vieux, en surnombre ou simplement à consommer
dépendance : organismes d'insémination ou emprunt d'animaux pour la reproduction
je dispose des surfaces de terrain nécessaires (location=dépendance) ou en propriété.
je n'achète rien (semences, engrais, traitements, machines, carburants, animaux et leur nourriture, soins et litière)
pas d'élevage


habillement :
j'achète mes vêtements et mes chaussants.
je fabrique mes vêtements avec des fibres textiles achetées.
j'élève des animaux qui me fournissent une partie des fibres textiles que j'utilise.
je cultive certaines fibres textiles.
je fabrique mes vêtements avec des fibres que j'ai produites ou cueillies.
je fabrique mes chaussants.
je n'achète rien (production matières premières, transformation et confection manuelles)


énergies :
tout électrique
production électrique autonome = dépendance technologique. (ex. éolienne, panneaux solaires)
je me passe de certains appareils électriques.
congélateur ?
réfrigérateur ?
petit électro-ménager ?
radio ?
télévision ?
ordinateur ?
électricité juste pour la lumière
je me passe d'électricité


chauffage :
électrique, fuel, gaz
bois acheté
bois fait soi-même motorisé (tronçonneuse, sciage, transport)
je n'achète rien : bois sans moteur : tout manuel


moyens de déplacement et transport :
une ou plusieurs voitures
autres engins motorisés
pas de voiture
bicyclette (mais reste un produit de l'industrie)
traction animale (se reporter alors aussi à "élevage")
pas de moyen de transport autre que ... les pieds


habitat :
je suis en location
je n'ai pas construit ma maison
j'ai partiellement construit ma maison
j'ai construit ma maison avec du matériel acheté
j'entretiens ma maison avec produits et matériel achetés
propriétaire, j'ai construit ma maison avec du matériel trouvé/produit sur place


outils :
tout électrique
outils manuels


loisirs :
je pars en vacances en avion
en voiture
à vélo
à pied
activités de loisirs "consommation" (nécessitant un budget)
je ne pars pas en vacances, activités diverses de loisirs sur place



activités professionnelles :
activité à plein temps générant un revenu
activité à temps partiel générant un revenu partiel ou accessoire
aucune activité générant un revenu.





si j'expérimente ce que cette échelle donne pour ma situation personnelle, j'obtiens le résultat suivant :
nourriture : j'ai un grand jardin à la campagne où je produis l'essentiel des légumes que je consomme. il me permet aussi de faire des réserves pour passer l'hiver. je produis mes semences.

je produis également une partie de mes "basiques" : céréales (très peu), légumineuses, oléagineux, racines pour partie ou pour toute l'année.
je suis végétalien dans la tête, mais végétarien par gourmandise. (un peu de fromages, miel et laitages)
j'achète certains compléments et ... des gourmandises... 
cuisiner : en partie gaz (actuellement pour dépanner et économiser le bois) et bois fait à la main - cuisinière - poêle
eau potable : source
élevage : pas d'élevage
habillement : je n'achète rien (mais j'ai des stocks) sauf les chaussants.
énergies : électricité juste pour la lumière... et l'ordinateur.
chauffage : bois tout manuel
déplacements : une petite voiture pour de courts déplacements
habitat : propriétaire d'une maison ancienne avec terrain et  grandes dépendances.
outils : pas d'outils ou outillages électriques.
loisirs : je ne pars pas en vacances donc pas de budget.
activités professionnelles : aucune (retraité) et avant cela : activité volontairement à temps partiel générant un revenu partiel.


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lieu de vie...

lors d'un retour à la campagne on se demande parfois quel serait le lieu de vie "idéal"...
je ne sais pas si l'idéal existe, mais quelque chose d'assez optimal doit si possible être recherché, et il faut alors tenir compte de quelques éléments importants :

- eau potable : sans eau... pas de vie... (aujourd'hui tout le monde - chez nous du moins - a de l'eau au robinet... mais le système reste fragile, car dépendant de la production électrique (pompes à tous les niveaux), elle même dépendante du pétrole et/ou de l'uranium. ce sont des ressources importées et non renouvelables).
l'idéal est la source... qui ne tarit pas, ensuite vient la nappe du sous-sol dans laquelle on peut puiser au moyen d'un puits, ou d'une pompe. mais ces deux moyens demandent déjà de la technique et du matériel... la nappe peut être située à des profondeurs très diverses ... elle peut affleurer tout comme elle peut nous faire creuser profond...
si l'on pense que les énergies non renouvelables tariront un jour il est prudent de ne pas être dépendant des pompes électriques pour l'approvisionnement en eau potable...
on peut aussi récupérer l'eau de pluie, mais encore faut-il qu'il pleuve suffisamment et que l'on trouve le moyen de la rendre et conserver potable.

- bâtiments : on peut les trouver sur place ou alors il faut les construire. je suis en général plutôt partisan de chercher quelques chose d'existant - car il y en a beaucoup - plutôt que d'en construire des nouveaux... ce qui utilisera encore de l'espace...
habitat isolé ou regroupé ? l'un ou l'autre implique un mode de vie fort différent... un habitat isolé ou suffisamment espacé (ma préférence) permet en principe de ne pas avoir de problème de voisinage.
il y a également plus de chances que le trajet pour aller cultiver, et plus tard rentrer les récoltes, aussi pour chercher du bois, soit très court (si le terrains sont attenants), alors que dans un village regroupé tout doit parfois être amené de fort loin, si les terres cultivables ou les bois se trouvent à l'extérieur du village (il faut alors avoir des moyens de transport en conséquence (et y consacrer bien plus de temps).
un minimum de dépendances (stockages et rangements au sec et possiblement hors gel et rongeurs pour les stocks alimentaires et le matériel) sont pratiquement indispensables : mais en cas de nécessité elles sont cependant assez simples à construire.

- terres : elles peuvent être de qualité très diverse et il vaut mieux qu'elles soient correctement fertiles et arables. pas trop inclinées, mais sinon on peut faire des "terrasses"... il existe cependant un certain nombre de techniques pour améliorer un terrain qui en aurait besoin. là aussi la présence de l'eau (source, ruisseau, rivière, peut être fort utile pour cultiver (irriguer ou arroser)...
il vaut mieux avoir plus de terrain que pas assez (cela permet de faire de l'extensif), mais trop n'est pas nécessaire puisque les limites de ce que l'on peut exploiter manuellement sont rapidement atteintes : nous mêmes disposons actuellement d'environ 2 hectares et un ha de forêt, mais je vois que sur les deux hectares qui seraient arables nous n'utilisons qu'environ la moitié, pour deux personnes...
tout change cependant si l'on veut faire de l'élevage : il faut alors compter rien qu'un à deux  hectares supplémentaires (c'est selon la qualité du terrain) par tête de bétail genre vache, ou équivalent  (trois ou quatre biquettes ou moutons p.ex.)...

- bois : le bois est important et surtout nécessaire au quotidien pour l'usage du feu... si l'on veut cuisiner on a besoin de bois tout au long de l'année... à l'époque d'ailleurs il importait plus de pouvoir cuisiner et faire bouillir la marmite, que de chauffer les locaux, ce qui était accessoire et "allait avec" lorsque l'on cuisinait (souvent d'ailleurs dans la cheminée, puisqu'il n'y avait pas de poêles en fonte, la cheminée ne nécessitant par ailleurs pas de couper du bois très petit)...
diverses solutions sont envisageables : couper du gros bois va nécessiter un gros travail et de gros outils (à la main ce n'est pas forcément le plus intéressant) alors que du petit bois ou du bois moins gros pourra être bien plus facilement coupé en morceaux.
l'idéal serait d'avoir le bois, la forêt, à proximité (c'est notre cas actuellement et nous pouvons ramasser sur quelques centaines de mètres autour de la maison ce qui est suffisant vu la quantité de bois tombé et que personne ne ramasse : en temps de raréfaction du bois - si par exemple tout le monde ne dispose que de cette énergie, la donne changerait probablement...).
le travail et la technique sont fort différents selon que l'on ramasse simplement du bois mort (ce que nous faisons depuis plus de 25 ans) ou que l'on coupe du bois frais destiné au chauffage. le premier sèche vite, alors que le second, qui fait du travail de bucheronnage,  doit être stocké bien plus longtemps, par exemple.


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bibliographie : 

"Savoir revivre" de Jacques Massacrier (livre de nouveau édité)
http://savoir-revivre.coerrance.org/
"Revivre à la campagne" et d'autres livres de John Seymour
"Manuel de la vie sauvage" de Alain Saury
etc...