dimanche 29 juin 2008

céréales



actuellement, les céréales fournissent la majeure partie (45% ) des calories alimentaires de l'humanité. sur le plan botanique, elles appartiennent à la famille des Poacées (ou Graminées), à l'exception de l'une ou l'autre comme par exemple le sarrasin (Polygonacées) ou le quinoa (Chénopodiacées)...

cette situation a été rendue possible grâce au pétrole (machines et moteurs, engrais, herbicides et pesticides, irrigation) mais après lui çà n'ira plus, à mon avis, et il est donc vital de trouver des alternatives avant que le pétrole ne se termine.

nous avons essayé de faire pousser un peu de tout, avec plus ou moins de succès, mais dans l'ensemble c'est plutôt résultat maigre, pour l'instant : c'est peut être lié au biotope forestier dans lequel nous nous trouvons. le problème principal que nous rencontrons, que sont les rongeurs genre campagnols (qui font des galeries souterraines et des taupinières mais sortent et se promènenent aussi à l'extérieur surtout la nuit), les mulots : l'équivalent de la souris domestique, en forêt, et aussi le rat des moissons, le plus petit de la famille des rongeurs. il fait son nid carrément dans les céréales et les herbes des friches.
il faut tenir compte du fait que les conditions environementales étant partout différentes, les résultats le seront forcément aussi... d'après les renseignements que j'ai pu obtenir nos prédecesseurs cultivaient pas mal de choses sans trop de problèmes : il se pourrait donc que les modifications climatiques y soient pour quelque chose et l'assèchement va favoriser les rongeurs par exemple.
et bizarrement les prédateurs ne sont pas légion...

mais j'ai remarqué aussi qu'une culture nécessite une sorte de rodage pour finir par fonctionner de façon optimale... d'où l'intérêt de s'y prendre à temps : l'amélioration vient progressivement.

alors si j'essaie de passer en revue :

blé et voisins (blé dur, blé tendre, tritical (c'est un hybride blé/seigle souvent utilisé pour l'alimentation animale), épeautre, kamut)
j'ai déjà laissé tomber le blé dur qui pousse dans les endroits plus méridionaux... cela écarte une part importante de ce que nous mangeons d'habitude, de nos jours : les pâtes alimentaires, le couscous, la semoule de blé dur... sont des produits qui disparaissent si on n'a pas de blé dur, la semoule nécessitant en outre des machines perfectionnées pour être fabriquée...
j'ai laissé (pour l'instant) l'épeautre aussi puisque apparemment il faut un moyen moderne de décortiquage (la balle adhère au grain) : je ne sais même pas comment ils faisaient à l'époque pour cette céréales ancienne...

le blé le plus courant chez nous est le blé tendre : c'est avec lui que sont fabriqués le pain et la farine en général.

la première année, où j'en ai cultivé environ un are, il est arrivé à maturité correctement et j'ai pu le récolter en gerbes... j'ai eu la mauvaise idée de stocker ces gerbes dans ma grange... où les grains se sont fait manger par les souris : lorsque en hiver j'ai voulu les battre il n'y avait plus rien : elles avaient tout vidé. ce n'était donc pas le bon mode de stockage :-) (il faut battre et mettre le grain à l'abri assez rapidement) le rendement n'était pas énorme mais il y avait quand même de beaux épis poussés assez denses.



l'année suivante les rongeurs avaient compris ce qui se passait et étaient tous au rendez-vous : blé, orge et avoine ont été mangés le dernier mois avant la maturité... sur pied, les épis coupés en biseau ou encore carrément rabattus vers le sol où ils ont été décortiqués.



et cette année c'est reparti avec autre chose : j'ai semé du blé rouge de Bordeaux qui est censé être plus adapté à la culture manuelle et devrait fortement taller (faire beaucoup d'épis sur un seul pied). non seulement il n'est venu que partiellement, (je suppose que le semis a été mangé en partie) il n'a pas trop tallé, et je ne sais pas encore si les rongeurs sont dans leurs starting blocks lorsque les grains seront là. entretemps cependant les épis sont déjà en train de se faire rabattre par le liseron et surtout la vrillée (polygonum convolvulus), cette polygonacée (renouée) qui est une sorte de sarrasin sauvage en lianes. très envahissant. ses graines sont d'ailleurs comestibles, mais tellement petites qu'elles ne sont pas trop intéressantes. le problème étant que mon blé actuel commence à disparaître et s'écrouler sous les lianes de la vrillée... là j'ai fait un are environ, et je crains de ne pas récolter grand chose.






l'agriculture moderne lutte avec la chimie contre les rongeurs et les "mauvaises herbes"... : mon expérience me fait penser que le jour où le pétrole va faillir... on aura peut-être du blé "par surprise" la première année, mais qu'à partir de la seconde il va se faite manger par les rongeurs puis envahir et écraser par les mauvaises herbes et nous n'aurons alors pas de blé du tout... je vous laisse imaginer où çà risque de nous mener s'il n'y a pas d'autre alternative prévue.

mais le blé pose d'autres problèmes encore : un "mauvais" rendement est de l'ordre de 10kg de blé pour un are cultivé... alors qu'un bon rendement est de l'ordre de 50 kg... mon paysan bio m'a dit avoir fait 27kg à l'are la dernière récolte, ce qui fait donc une moyenne...

si l'on veut faire du pain tous les jours pour une famille il va falloir cultiver et récolter des quantités industrielles de blé. or si cela est possible aujourd'hui grâce au pétrole et aux machines... je crains çà ne le soit plus une fois que nous n'aurons plus ces aides. c'est ce qui me fait penser que le pain - du moins l'usage que nous en faisons aujourd'hui - n'est pas l'aliment de l'avenir : il faudra trouver autre chose... (nous avons d'ailleurs fini par renoncer au pain à cause de cela : pas envie de l'acheter et pas moyen de le produire)... problèmes en vue pour la basse-cour, aussi... car aujourd'hui j'achète le blé de mes poules.

le blé a un autre petit inconvénient encore, en tant que glucide : il donne faim et lorsque l'on mange par exemple du pain soit on a tendance à en manger bien plus que nécessaire, mais on a assez rapidement de nouveau faim ensuite. j'avais aussi parlé récemment de l'inconvénient du pain... qui nécessite tout une importante activité parallèle pour produire tout ce que l'on mange avec et/ou met dessus... (beurre, confiture, fromage, charcuterie).

je pense que c'est cet attrait pour ne pas dire dépendance qui a fait que cette céréale est devenue tellement courante et demandée : c'est en quelque sorte une confiserie... cela explique le succès actuel des pâtes alimentaires et des produits boulangers et pâtissiers (le sucre, le sel, et les accompagnements aidant, bien entendu)...

de petites quantités de blé (et céréales diverses) peuvent être cultivées, récoltées, stockées, manuellement sans problème : mais elles serviront probablement avec parcimonie pour épaissir sauces et surtout potages... faire des galettes et autres diverses préparations... le pain (pour lequel il faut d'ailleurs pouvoir fabriquer de la levure, sinon il est au levain et rend alors moins gourmand) risque d'être relégué au rang de produit de luxe, occasionnel.

mais dans le futur ce sera aussi une question de choix de société que nous allons devoir faire car on peut bien entendu retourner à ce qui se faisait avant, (encore faut-il y arriver), lorsqu'un paysan labourait son champ avec ses boeufs, et que le blé était récolté avec de la main d'oeuvre saisonnière pour aller au moulin ensuite : je trouve que ce n'était pas optimal, et qu'il y a plus intéressant à inventer... plus équitable aussi, pour ce qui est du travail.

nous avons essayé les autres céréales, aussi : orge, seigle, avoine, maïs, et millet, sarrasin... car il vaut mieux faire de la variété : s'il y en a une qui flanche, il reste les autres ; le travail sera plus intéressant car plus varié tout comme l'alimentation. (à suivre)



3 commentaires:

Anonyme a dit…

Depuis les débuts de l'agriculture sur tous les continents et dans des tas de cultures différentes, les céréales sont une base alimentaire, et cela ne tient pas à la "gourmandise", mais plutôt aux nombreux avantages comparatifs de cette culture. mais il est vrai que cette option n'est viable que dans le cadre de la "polytarcie", au moins au stade de la famille élargie.
Car dans ce système, deux bras nourrissent bien plus qu'une bouche (sinon, quid des femmes enceintes, et des nourrissons dont aucun groupe humain ne peut se passer) la journée de chacun profite à plusieurs à chaque stade de la culture et de la transformation. Les céréales se conservent et se transportent bien. Avec des réserves de grain, On peut envisager la migration ou attendre une meilleure année si une récolte catastrophique survient. Le pain fournit depuis quelques dizaines de siècles un basique qui a fait ses preuves. Et il n'est pas nécessaire d'envisager forcément qqchose "à mettre dessus" : sous l'Ancien Régime, un paysan français pouvait en manger jusqu'un kg par jour si le reste faisait défaut.
Si elle est bien organisée, la filière traditionnelle du pain (presque toujours complémentée par l'arboriculture) est un choix très rationnel en terme de rentabilité et de sécurité alimentaire en Europe occidentale.
La question que pose la culture des céréales à la démarche autarcique est aussi celle de la structure sociale la mieux adaptée.

geispe a dit…

il me semble que la culture des céréales c'est le premier maillon de notre système actuel... d'ailleurs elle n'est privilégiée qu'assez récemment sur d'autres continents, non ?
je me suis demandé si on n'oubliait pas qu'avant l'agriculture il y a eu une très longue période de culture, justement : on dû cueillir et cultiver bien avant l'agriculture : si je vois qu'une plante est intéressante je la préserve et la développe. n'étant pas bêtes ils ont dû faire çà très vite et on n'entend pas beaucoup parler de la gestion de l'environnement et des plantes sauvages et semi-cultivées... avant l'agriculture qui a contribué ensuite à faire du paysan un serf. l'un des inconvénients des céréales est effectivement qu'on peut emporter la récolte du paysan et vivre de ses rentes :-)
effectivement avec la routine on devrait avoir à travailler quelques heures par jour, pour produire la nourriture... par contre le temps de la mise au point de cette routine çà ne marchera probablement pas et cela risque de durer un bon nombre d'années très dures... je me méfie de l'Histoire et des chiffres concernant le pain à travers les siècles : j'avais fait le calcul pour l'année 1900 (consommation de pain et production céréales) et il manquait une bonne quantité de céréales... je crois aussi que le pain manquait avant tout le reste...
en fait ce qui m'importe c'est surtout ce que l'on arrive à faire aujourd'hui ou plutôt demain... or pour l'instant je n'arrive pas à cultiver suffisamment de céréales pour faire tous les jours du pain pour ma famille. je crains que çà soit mathématiquement impossible sans la magie du pétrole. et ce sont donc les alternatives qui m'intéressent...
comme tu dis justement... çà dépend du type de société que nous allons recréer... mais autant éviter le métro boulot pas dodo :-)

urtica a dit…

Merci de faire partager vos expériences ici ;
Le pain d'autrefois n'était pas exclusivement composé de céréales, il comptait aussi des légumineuses, de la pomme de terre, voire d'autres éléments à peine mangeable, en période de disette ("L'alimentation végétale..." Maurizio 1936), ce qui pourrait expliquer en partie la différence de "volume" entre la quantité de pain consommé et celle de céréales produites (?) ;
Le pain, et l'utilisation en grande quatité des céréales (comme celles de viandes et de produits laitiers) est un luxe de civilisation avancée (économiquement) ;
Pour l'après-pétrole nous reviendrons probablement à une moindre consommation sous forme de soupes/purées/galettes ou d'autres produits végétaux seront majoritaires car plus faciles à cultiver à l'échelle familiale ou locale ;
En relation avec le blé dur, un lien pour la fabrication de la semoule de couscous : http:www.dilap.net/Le-couscous-secrets-de-fabrication.htlm